N.U.D.A. metamorphosa intima

Nous confions au corps notre identité, le corps est l’intermédiaire de la distinction et de l’acceptation sociale. Pourtant, si le physique mue naturellement dans le temps, dans cette altération l’identité sociale reste la même. Dans le domaine de l’art, la forme et la transformation sont des notions bien diverses, de l’observation de la nature à la modélisation de l’abstrait.

Dans les religions, les mythologies et les expressions artistiques de toutes civilisations, les animaux sont fréquemment associés à une transformation de l’humain, bien souvent sous forme hybride, symbolique ou divine. Cette profusion de la symbolique du bestiaire, témoigne de l’importance pour les humains d’intégrer et d’apprendre à gérer la multitude d’instincts qui les caractérise.

Les fils complexes existants entre identité et altérité, humain et bestial, sont imaginés, tracés, tissés, peint, connectés, cachés et révélés dans la « Métamorphose intime » d’Izabela Matoš. Déjà à partir du choix des supports recyclés, la mutation proposée par l’artiste utilise symboliquement diverses couches de perception, comme des parties de cornée de notre œil. Un jeu de miroirs qui mène vers les nudités intimes capturées par un dessin épuré, rapide et précis (un retour aux sources). Des postures sensuelles et complexes où même le trait du pinceau devient matière : l’emplois de teinture pour vêtements, en guise d’encre, confère une trace plus intense et métaphoriquement indélébile à la peinture.

Les feuilles de papier peint sont l’espace choisit par Izabela pour raconter ce Naturel Univers De l’Amour. Des espaces intimes, écho de chambres autrefois habitées et vécues… mémoires que le support en papier conserve comme de la peau, des cicatrices qui enveloppent le dessin d’épaisseur et de volume. En s’approchant, on franchit ensuite une troisième dimension dissimulée par un tulle flottant (esprit bête), qui filtre le caractère sauvage de la métamorphose, comme un couloir de mutation, d’attraction et de confrontation entre des univers (féminin et animal / noir et couleur).

Un filtre de compatibilité entre espèces (Sapiens et Animalis) ou entre individus (nous et les autres) ; un seuil attracteur de différences et de distances, un indicateur de l’évolution de notre structure mise à nu, capable également d’amour.

À l’instar d’une œuvre dans l’œuvre, chaque pièce de l’installation protéiforme d’Izabela révèle trois phases de récits créatifs, suspendus aux fils reliant ces anatomies au surnaturel et au chimérique. Des récits qui transforment les dessins en écriture, en expérience émotionnelle intime et vitale ; comme des « neurones ombilicaux » qui guident l’intimité de chacun à la découverte sensuelle et bestiale des métamorphoses crues et sauvages de l’âme.

Gianni Cudazzo, historien d'art